Le Théâtre du Bolchoï, entre rêve,
grâce … et scandale
Marie Rochette
Le 21 juin
2016, le danseur étoile russe Pavel V. Dmitrichenko a été libéré de prison. Le célèbre
interprète du Bolchoï purgeait une peine de 3 ans pour avoir attaqué son
directeur à l’acide. Cette triste affaire a inspiré un livre sur l’histoire
très controversée du Bolchoï.
Le directeur
artistique du Bolchoï, Sergey Filin, était victime d’une attaque à l’acide
commanditée par Pavel V. Dmitrichenko en janvier 2013. À l’époque, le danseur
affichait depuis longtemps un mécontentement concernant la répartition des
rôles décidée par Filin. Ce serait lorsque sa petite amie s’est vue refuser le
rôle qu’elle convoitait qu’il aurait contacté les hommes de main. Lors de son
procès, Dmitrichenko affirmait n’avoir jamais organisé l’agression: Il cherchait
seulement à mettre en garde M. Filin sans en venir à de telles extrémités. Mais
à présent Il nie toute l’histoire. Il atteste ne pas connaitre l’exécuteur du
crime et prétend même ne jamais avoir eu de relation avec Anzhelina Vorontsova,
la petite amie présumée.
C’est un
personnage assez sombre que l’on découvre au travers du premier entretien que
Pavel V. Dmitrichenko a donné au New-York Times à sa sortie de prison. En plus
de rejeter toute forme de responsabilité dans cette affaire, il prône la
théorie du complot. Selon lui, cette histoire a été inventée de toutes pièces
par ses ennemis, ceux-ci ayant peur que Dmitrichenko découvre leur activité
illégale. Il tient un discours assez déconstruit, à la limite de l’absurde, sans
vouloir rentrer dans les détails. Dmitrichenko parle aussi des nombreux rôles
qu’il a dansé, et avoue puiser sa force dans les personnages méchants :
Ivan le Terrible dans la pièce du même nom et Von Rothbart dans « Le lac
des cygnes » sont deux de ces plus grands succès. Il affirme être
« fait pour » ce genre de rôle qu’il trouve fort en intensité
dramatique, beaucoup plus que de « simples » princes.
Le théâtre du Bolchoï en 1947 avec des affiches de Lénine et Staline
On est bien
loin de l’image majestueuse et pleine de grâce renvoyée lors des représentations
du Bolchoï, l’une des institutions de danse classique les plus puissantes du
monde. C’est d’ailleurs à l’issue de ce triste incident que l’auteur Simon Morrison
a décidé de creuser un peu plus pour montrer la face cachée des chefs d’Å“uvre
du Bolchoï. Doctorant à l’Université de Princeton et historien de la musique,
il est spécialiste de la musique russe et soviétique. Son livre, « Bolshoï
confidential », sorti le 11 octobre 2016, retrace les liens étroits entre
la politique russe et le célèbre théâtre. Les influences politiques, présentes
depuis sa construction en 1776 jusqu’à nos jours, se sont particulièrement
ressenties sous l’ère soviétique, lorsque le Bolchoï était présenté comme « la
maison du peuple ». Par exemple, la pièce « Le pavot rouge», une
apologie du soviétisme, a été commandée par les dirigeants politiques en 1927.
Si les années
ont passé depuis les discours de Lénine au Bolchoï, le théâtre reste néanmoins sous
une emprise politique forte, devenant de nos jours la démonstration d’une
puissance oligarchique qui contrôle le pays.
http://www.nytimes.com/2016/06
https://www.princeton.edu/main
http://www.spectator.co.uk/201
http://www.telegraph.co.uk/dan
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