vendredi 16 décembre 2016

Le Théâtre du Bolchoï, entre rêve, grâce … et scandale



Le Théâtre du Bolchoï, entre rêve, grâce … et scandale 

Marie Rochette

 
Le 21 juin 2016, le danseur étoile russe Pavel V. Dmitrichenko a été libéré de prison. Le célèbre interprète du Bolchoï purgeait une peine de 3 ans pour avoir attaqué son directeur à l’acide. Cette triste affaire a inspiré un livre sur l’histoire très controversée du Bolchoï.  

Le directeur artistique du Bolchoï, Sergey Filin, était victime d’une attaque à l’acide commanditée par Pavel V. Dmitrichenko en janvier 2013. À l’époque, le danseur affichait depuis longtemps un mécontentement concernant la répartition des rôles décidée par Filin. Ce serait lorsque sa petite amie s’est vue refuser le rôle qu’elle convoitait qu’il aurait contacté les hommes de main. Lors de son procès, Dmitrichenko affirmait n’avoir jamais organisé l’agression: Il cherchait seulement à mettre en garde M. Filin sans en venir à de telles extrémités. Mais à présent Il nie toute l’histoire. Il atteste ne pas connaitre l’exécuteur du crime et prétend même ne jamais avoir eu de relation avec Anzhelina Vorontsova, la petite amie présumée. 

C’est un personnage assez sombre que l’on découvre au travers du premier entretien que Pavel V. Dmitrichenko a donné au New-York Times à sa sortie de prison. En plus de rejeter toute forme de responsabilité dans cette affaire, il prône la théorie du complot. Selon lui, cette histoire a été inventée de toutes pièces par ses ennemis, ceux-ci ayant peur que Dmitrichenko découvre leur activité illégale. Il tient un discours assez déconstruit, à la limite de l’absurde, sans vouloir rentrer dans les détails. Dmitrichenko parle aussi des nombreux rôles qu’il a dansé, et avoue puiser sa force dans les personnages méchants : Ivan le Terrible dans la pièce du même nom et Von Rothbart dans « Le lac des cygnes » sont deux de ces plus grands succès. Il affirme être « fait pour » ce genre de rôle qu’il trouve fort en intensité dramatique, beaucoup plus que de « simples » princes.  
 

 
Le théâtre du Bolchoï en 1947 avec des affiches de Lénine et Staline 



On est bien loin de l’image majestueuse et pleine de grâce renvoyée lors des représentations du Bolchoï, l’une des institutions de danse classique les plus puissantes du monde. C’est d’ailleurs à l’issue de ce triste incident que l’auteur Simon Morrison a décidé de creuser un peu plus pour montrer la face cachée des chefs d’Å“uvre du Bolchoï. Doctorant à l’Université de Princeton et historien de la musique, il est spécialiste de la musique russe et soviétique. Son livre, « Bolshoï confidential », sorti le 11 octobre 2016, retrace les liens étroits entre la politique russe et le célèbre théâtre. Les influences politiques, présentes depuis sa construction en 1776 jusqu’à nos jours, se sont particulièrement ressenties sous l’ère soviétique, lorsque le Bolchoï était présenté comme « la maison du peuple ». Par exemple, la pièce « Le pavot rouge», une apologie du soviétisme, a été commandée par les dirigeants politiques en 1927.
Si les années ont passé depuis les discours de Lénine au Bolchoï, le théâtre reste néanmoins sous une emprise politique forte, devenant de nos jours la démonstration d’une puissance oligarchique qui contrôle le pays.


http://www.nytimes.com/2016/06/22/arts/dance/pavel-v-dmitrichenko-bolshoi-ballet-interview-acid-attack.html?_r=0

https://www.princeton.edu/main/news/archive/S47/95/02Q63/index.xml?section=featured

http://www.spectator.co.uk/2016/12/the-secret-of-the-bolshoi-style-will-always-be-safe/

http://www.telegraph.co.uk/dance/#source=refresh














 

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