Le Kuduro fait danser le monde
Liza Burnichon, Damien Hoarau
Né
à Luanda, capitale de l’Angola, dans les années 1990, le kuduro est à
la fois une musique électronique mélangée aux rythmes traditionnels
angolais et une danse énergique, caractéristiques du style de vie de la
jeunesse du pays.
Les
paroles du Kuduro s’inspirent de sujets de la vie quotidienne et
reflètent la société angolaise. Le Kuduro s’est rapidement propagé vers
le reste de l’Afrique puis vers le monde entier. Plus qu’une mode, c’est
un mouvement culturel urbain qui montre au monde un pays contemporain
qui, malgré les problèmes sociaux, se développe et se modernise.
Le film I love Kuduro,
signé par les frères portugais Mário et Pedro Patrocínio, en est une
parfaite illustration. Ce documentaire nous conduit à Luanda, au rythme
des battements, et nous fait traverser la ville où tout semble si
simple, malgré les difficultés, et où tout est musique et danse. Le film
accompagne les plus grandes stars de ce phénomène urbain qui
aujourd'hui attirent des foules de jeunes Africains, offrant un aperçu
unique de la prochaine génération de talents angolais.
"En
général, ce qui vient d’ Afrique est négatif. Parce qu’on parle de la
guerre, la famine, la pauvreté, la violence, maintenant le virus
Ebola... Ce qui nous fait oublier qu'il y a aussi des sociétés
contemporaines avec des artistes dans tous les domaines.” dit Mário Patrocínio.
"Si
nous savions tous beaucoup plus sur l'Autre, l'approche serait bien
meilleure. La culture peut aider à cet égard, à briser les barrières”, dit le réalisateur, qui admet avoir été surpris “par la complexité de ce mouvement.”
I Love Kuduro
nous montre de façon simple que la musique est présente partout dans
les rues. Elle est écoutée dans les foyers des plus pauvres comme des
plus riches. Parfois, des applaudissements assez rythmés suffisent à ce
que quelqu'un commence à danser comme si c’était la dernière fois. L'
Angola vie et danse : c’est la magie du kuduro. Si le style musical ne
fait pas l’unanimité, il est indéniable que le Kuduro a une grande
influence sur la société angolaise.
Également
représentatif de l'expansion de ce style musical, Buraka som Sistema
est un groupe créé par deux jeunes de Lisbonne. Il s’agit d’une musique
mélangeant le kuduro, la musique électro et une touche musicale des
Caraïbes. Dans un pays plus connu pour la crise de l'euro, le groupe
révèle le Portugal comme étant un creuset multi-éthnique. Buraka Som
Sistema est un exemple typique de musique du monde urbain, une musique
en devenir, mixte et développée pour les banlieues des grandes villes
européennes.
Le
nom du groupe est une référence à la banlieue de Buraca, la périphérie
industrielle de Amadora, au Portugal, dans laquelle vivent de nombreux
immigrants de l'Angola et du Mozambique. Le groupe a fait le tour du
monde, en passant par l’ Angola, le Mozambique, l’Amérique latine
(devant un public de 150 000 personnes à Bogota), Moscou, le Japon et
les Etats Unis. Il est régulièrement présent à la Lux, une discothèque
historique de Libonne. Le groupe reste fidèle à ses racines de Lisbonne
et à ses influence : le Brésil, l’ Angola, le Mozambique, le Cap-Vert.
Discrets
et consciencieux, les membres du groupe ont l’air soudés comme des
membres d’une même famille. Tous venaient de la classe moyenne et font
partie d’une génération attachée à ses identités multiples.
Sur
nos écran, à la radio, mais également présent à de nombreux festivals,
le Kuduro et ce qu’il représente n’ont pas fini de se répandre et de
faire danser le monde entier.
Sources :
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